Brutalités policières contre les journalistes : l’ONU préoccupée, l’OPC écrit, le gouvernement change de secrétaire d’Etat à la Communication
3 min readDepuis le mois de janvier, les journalistes sont devenus la cible privilégiée des policiers lors des manifestations. Rien que cette semaine, trois journalistes couvrant des mouvements de protestation ont été blessés par balle réelle et par des bonbonnes de gaz lacrymogène. Face à cette situation, les Nations unies se disent préoccupées « par l’utilisation disproportionnée de la force contre les journalistes ». Pour sa part, l’OPC invite l’inspection générale de la police à statuer sur les cas des exactions et des atteintes à l’intégrité physique ou morale commises sur des journalistes dans l’exercice de leur profession.
Rien que cette semaine, trois journalistes ont été victimes de la brutalité policière lors des manifestations. Alvares Destiné et Jeanril Méus, 2 journalistes blessés par balle au Champ de Mars au moment où des policiers et des militaires tiraient des balles réelles pour disperser une manifestation. Le photojournaliste Chery Dieu-Nalio a été lui aussi blesse au pied par une bonbonne gaz lacrymogène. Des policiers ont délibérément jeté une grenade lacrymogène à l’arrière du pick-up…
C’est dans ce contexte que le système des Nations Unies en Haïti, dans un communiqué publié ce dimanche 14 février, s’est dit préoccupé par « l’augmentation des cas d’agressions contre les journalistes couvrant des manifestations. Couvrir les événements en direct est au cœur du travail journalistique, qui est essentiel pour garantir la liberté de la presse et le droit à l’information. »
« Au regard des allégations documentées, les Nations Unies s’inquiètent que des agents de maintien de l’ordre aient commis des actes contre certains acteurs des médias dans l’exercice de leur fonctions professionnelles. Ces actes ont pour conséquence de limiter le droit à la liberté d’expression et d’accès à l’information », lit-on dans le communiqué.
Les Nations unies, ajoute le communiqué, exhortent les forces de sécurité à revoir leurs pratiques et à se pencher rapidement sur les violences contre les journalistes et autres acteurs des médias, afin que tout abus et toute violations avérées fasse l’objet de sanctions à la suite d’enquêtes dument diligentées.
« A cet égard, les Nations unies rappellent les recommandations aux autorités haïtiennes quant à la gestion de foules afin d’assurer le respect des droits de réunion pacifique et de sécurité de la personne formulées dans le récent rapport conjoint du BINUH et du Haut-commissariat aux Droits de l’Homme sur les violations et abus aux droits de l’homme commis lors des manifestions de 2018 et 2019 (https://binuh.unmissions.org/sites/default/files/2021.01.15_rapport_manifestations_2018-2019.pdf), lesquelles ont été accueillies favorablement par les autorités haïtiennes », avance le communiqué.
Les Nations unies condamnent toute attaque commise contre des journalistes et appellent les autorités ainsi que les acteurs politiques au respect de la liberté de la presse et du droit à l’information. « Une presse libre et indépendante, à l’abri de toute censure et de toute coercition, est indispensable à l’essor de la paix, au respect de la justice et à la promotion des droits de l’homme », affirme l’ONU.
Dans une correspondance envoyée à l’inspection générale de la police nationale, l’Office de la protection du citoyen (OPC) attire l’attention des autorités policières « sur le cas de deux travailleurs de presse blessés par balle, le lundi 8 février 2021 au Champ de Mars, au moment où les forces de l’ordre réprimaient un mouvement de protestation. En plus, le mercredi 10 du mois en cours à Port-au-Prince, des journalistes et une voiture de Radio Télé Pacific ont été victimes suite à des grenades de gaz lacrymogène lancées par des agents de la Police Nationale d’Haïti. »
« L’Office de la Protection du Citoyen vous invite à statuer sur les cas des exactions et des atteintes à l’intégrité physique ou morale commises sur des journalistes dans l’exercice de leur profession », écrit Me Renan Hédouville à Frantz Jean-François, inspecteur général en chef de la PNH.
Par ailleurs, après avoir condamné la brutalité policière contre les journalistes et exprimé sa solidarité avec les victimes, Eddy Jackson Alexis a été remplacé par Frantz Exantus comme secrétaire d’Etat à la Communication.
Source: Le Nouvelliste