Haïti – Gangstérisation : Le G9 est l’œuvre du pouvoir pour contrôler les prochaines élections selon un rapport de la FJKL
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La Fondasyon Je Klere (FJKL) a, dans un rapport, dénoncé l’alliance entre le pouvoir et les principaux chefs de gangs de la zone métropolitaine en vue de mater tout mouvement de protestation et faire main basse sur les élections. Le groupe est aussi créé pour faciliter au président Jovenel Moise l’accès au Pont-Rouge le 17 octobre prochain. Lors de cette intervention musclée du Groupe 9 dans cette zone 6 personnes ont été tuées et 7 maisons incendiées.
Dans ce document de 15 pages, les membres du FJKL ont fait savoir que les assauts répétés de groupes armés les 24, 25 et 26 mai dernier dans cette zone sont liés au massacre de La Saline des 14 et 14 novembre 2018. Selon le rapport, il faut remonter à la date du 17 octobre 2017 quand le cortège présidentiel a dû rebrousser chemin, sous la mitraille d’hommes qui seraient des partisans de l’opposition sans qu’il ait le temps de rendre un hommage bien mérité au père de la Nation Haïtienne, Jean Jacques Dessalines.
Depuis ce 17 octobre, Pont Rouge reste un site interdit au président.
Pour la Fondation Je Klere, le 17 octobre 2020 représente un défi majeur pour le pouvoir en place qui veut à tout prix prouver à la communauté internationale sa capacité à imposer son programme politique pour la fin du mandat de Jovenel Moïse, selon ce rapport signé Marie Yolѐne Gilles.
Création de G-9, son objectif principal
G-9 est une coalition de neuf (9) chefs de gangs armés qui seraient proches du pouvoir. A sa tête se trouve l’ancien policier Jimmy Cherisier alias Barbecue, chef de gang. Une coalition qui vise à regrouper tous les groupes armés du pays dans le but d’assurer la continuité du PHTK. « Avec le G-9, le pouvoir cherche à contrôler l’axe : Fontamara – Cité Soleil – aux fins d’imposer le silence à ses adversaires et remporter par tous les moyens les prochaines élections et assurer le retour au pouvoir de Joseph Michel Martelly », a révélé ce rapport de la Fondasyon Je Klere.
Le G-9 est composé de ces chefs de gangs :
Jimmy Cherizier alias Barbecue. Zone d’influence : Delmas 2- 24
Serge Alectis alias Ti Junior : Nan Chabon, La Saline
Andris Iscard alias Iska : Belecourt
James Alexander alias Sonson : Baz Krache Dife, rue Saint-Martin/Rue Porcelaine (derrière Lacroix)
Christ-Roy Chery alias Krisla : Nan Ti Bwa, Martissant, Fontamara
Jean Emilio Micanor : Waf Jeremi
Coby : Chancerelles
Mackenson : Pont Rouge
Desange Romane alias Déporté : Delmas 2/Tokyo
Base Pilate (une nébuleuse de policiers/Ezechiel Alexandre, 11-PP-0689)
Parlant de forces économique et sociale du G-9 et alliés, ce document révèle que les chefs de gangs exercent sur les territoires qu’ils contrôlent de véritables pouvoirs étatiques. « Les chefs de gangs font payer les impôts, l’électricité, les places dans les marchés publics, les chauffeurs des camions de transports publics, les candidats pour leurs meetings et l’affichage de photos ou affiches publicitaires. »
Le directeur de la CAS serait nommé par le G-9
« Dans la perspective des prochaines élections et pour renforcer le pouvoir économique et social du G-9 et alliés, selon des informations concordantes, sur intervention de Christ-Roy Chery alias Krisla auprès du Palais National, le pouvoir aurait placé à la tête de la Caisse d’Assistance Sociale (CAS) Frantz Iderice. La CAS est depuis quelques temps considérée comme une vache à lait pour les bandits armés du G9 », a-t-on mentionné dans ce rapport.
Frantz Iderice nie toutefois toute relation avec le G-9. L’ancien étudiant en Sciences Economique à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE) informe que son nom a été proposé au chef de l’Etat par des étudiants grévistes de la FDSE et supporté par d’autres organisations estudiantines au cours d’une rencontre au Palais National entre le Président de la République, certaines organisations estudiantines de l’Université d’Etat d’Haïti, certains Petro challengers et d’autres organisations sociales.
L’ancien cadre du Mouvement de la Troisième Voie, croit que la liaison de son nom avec Krisla résulte dans le seul fait qu’il a vécu longtemps, ce, jusqu’en 2017 a Fontamara 27, zone d’influence de Krisla. Il dit également n’avoir jamais rencontré le président Jovenel Moise ni parlé avec lui au téléphone avant sa nomination. Il aurait eu seulement un entretien téléphonique avec son chef de cabinet, a-t-il précisé lors d’une rencontre avec les
enquêteurs de la FJKL.
Toujours selon ce rapport, « si son nom a été effectivement proposé au chef de l’Etat par les étudiants grévistes de la Faculté de Droit, L’influence de Krisla auprès du Palais National a joué un rôle déterminant dans sa nomination. Le pouvoir renforce donc le pouvoir économique du G-9 dans la perspective des prochaines élections ».
Si le plan macabre du pouvoir en place arrive à se matérialiser en ralliant tous les groupes armés du pays à son profit , « Haïti sera officiellement et légalement un Etat voyou, un ordre public assassin. Et les droits humains continueront à être massivement et systématiquement violés », a prévu la FJKL.
Pour éviter le pire qui semble imminent, la Fondation Je Klere recommande « la création d’une commission d’enquête indépendante avec le support du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme pour faire la lumière sur ces douloureux événements et la multiplication des actes de criminalité, de disparitions forcées, de viol, d’incendies criminels, d’enlèvements, d’exécutions extrajudiciaires qui constituent le lot quotidien des habitants des quartiers populaires en particulier et de la population en général et que justice soit rendue aux victimes. »