Pénurie de carburant, insécurité, la rue crache sa colère
2 min readPort-au-Prince et d’autres communes de la région métropolitaine ont connu une journée de tension ce 13 juillet. Des barricades ont été érigées dans les rues à partir de 7h30 a.m. jusqu’en fin d’après-midi pour protester contre la pénurie du carburant et l’insécurité qui endeuille et appauvrit les familles.
La gazoline se vend jusqu’à 1 500 gourdes le gallon alors que le même produit n’est pas disponible dans les stations d’essence. La pénurie des produits pétroliers s’est amplifiée cette semaine à cause de la guerre des gangs à Cité Soleil, non loin d’un terminal pétrolier. Il devient impossible pour les stations d’essence de s’approvisionner.
Cette journée de protestation a été notamment orchestrée par des chauffeurs de taxi moto, très concernés par la rareté du carburant. « Cette pénurie est provoquée par les propriétaires de stations d’essence, avec la complicité du gouvernement. Le ministère du Commerce est trop complaisant. On veut augmenter le prix de l’essence. Cette rareté artificielle est une stratégie pour y parvenir. Ce coup ne passera pas », a fulminé Léonard, à côté d’une barricade sur la route de Bourdon.
En plus des motocyclistes, des riverains et militants politiques ont été également remarqués dans certains secteurs. Ces derniers ont dénoncé eux aussi la pénurie mais surtout l’insécurité et l’inaction du gouvernement Henry. Le premier ministre Ariel Henry est sous le feu des critiques et est accusé de fermer les yeux sur la situation sécuritaire du pays. Le chef du gouvernement a préféré se déplacer jusqu’à l’ambassade du Japon apporter ses condoléances au peuple japonais pour l’assassinat de l’ancien PM Shinzo Abe au lieu d’évoquer les nombreux morts occasionnés par une guerre entre gangs à Cité Soleil.
En effet, depuis le 8 juillet, deux coalitions de bandes armées s’affrontent pour le contrôle de territoires dans le plus grand bidonville du pays. Un récent rapport du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a fait état de 89 morts provoquées par ces affrontements.
Les riverains de Cité Soleil, en plus de la guerre des gangs, sont confrontés à une grave crise humanitaire. Lors des protestations de ce mercredi, certains ont interpellé le premier ministre Ariel Henry pour l’inviter à agir. « Les Haitiens sont chassés à Cité Soleil, à Croix des Bouquets, à Pernier, à Martissant, etc. Nous ne méritons pas cette souffrance. Ariel Henry est celui qui dirige le pays. Il doit assumer ses responsabilités. Sinon, qu’il se retire », a appelé une quadragénaire au niveau de Delmas 32, à quelques mètres de la Télévision nationale d’Haïti.
Source: Le Nouvelliste