Haïti-corruption : Cité dans le scandale PetroCaribe, Jovenel Moïse s’autoproclame champion de la lutte anti-corruption
3 min readL’Unité de Lutte Contre la Corruption a célébré en grande pompe, mercredi la journée internationale de lutte contre la corruption, lors d’une cérémonie tenue à l’hôtel Montana. « Rétablir avec intégrité », c’est le thème autour duquel s’est déroulée cette célébration cette année.
Dénonçant d’une seule voix la pratique de la corruption en Haïti, le président de la République, le ministre de l’Économie et des Finances et le Directeur général de l’ULCC, dans leur allocation respective en cette occasion, se sont engagés à combattre le fléau.
« La corruption est la plus grande indignité que puisse subir un peuple. Elle est la conséquence directe de toute cette terreur provoquée et instrumentalisée que nous vivons aujourd’hui. Combattre la corruption c’est renoncer à ce modèle d’État qui prévaut depuis des siècles », a précisé M. Joseph.
« La corruption qui gangrène le pays, qui met à genoux les institutions, fruit des comportements qui remontent à la fondation de la nation haïtienne, est systémique. Elle est globale. Cette corruption totalitaire est vieille de plusieurs décennies. Il ne s’agit pas d’un gouvernement, du président de la République, d’un Premier ministre, encore moins du directeur général de l’UCC, il s’agit d’un système qui se régénère, un système qui prend d’assaut les plus grandes parts de l’État, un système qui prend les grands contrats publics… Un système qui priorise un petit groupe au détriment du grand nombre », a-t-il argumenté.
De son côté, le président de la République, Jovenel Moïse, qui rappelle que la corruption porte atteinte aux droits humains, croit que si vraiment nous voulons changer ce pays, nous devons nous atteler à combattre la corruption. Un Combat qui doit être dirigée « contre tout un système, ces héritiers visibles et invisibles ».
Pour lui, la plus grande bataille aujourd’hui contre la corruption consiste à libérer l’État, l’administration publique des griffes d’une oligarchie corrompue qui capture l’État depuis des lustres.
« Ces oligarques corrompus empêchent l’État de se mettre au service de la population. Ils utilisent l’État à des fins exclusivement personnelles », a-t-il dit, invitant la population à s’impliquer dans la lutte contre la corruption.
Au passage, Jovenel Moïse exhorte l’ULCC à ouvrir une enquête autour de la subvention des 20 millions de dollars accordées par l’État à des compagnies privées pour la production de l’énergie électrique, alors que le coût de la production de l’électricité du pays s’avoisine maintenant à 10 millions de dollars.
Pas une seule fois dans son discours le président n’a fait mention du scandale des fonds détournés du programme vénézuélien de PetroCaribe qui a mobilisé les Haïtiens dans les rues pour réclamer justice.
Patrick Boisvert, le ministre de l’Economie et des Finances croit qu’il est urgent d’agir pour déraciner le mal de la corruption qui, selon lui, mine l’espoir du lendemain. Il avance que le MEF s’emploie à renforcer les structures de contrôle interne afin de prévenir des actes préjudiciables dans les systèmes des finances publiques.
Le grand argentier de la République a annoncé qu’il entend augmenter les moyens de la Direction Générale des Impôts et de l’Administration Générale des Douanes afin de mieux les armer pour lutter contre la fraude, l’évasion fiscale et la contrebande qui affectent les revenus de l’État et favorisent la concurrence déloyale qui nuit à l’économie du pays.
Au cours de cette journée, plusieurs personnalités ont été distinguées. Il s’agit de Marilyn B. Allien de la fondation Héritage pour Haïti, Odette Roy Fombrun, le magistrat, Eddy Darang, juge à la cour d’Appel de Port-au-Prince, Boniface Alexandre, ancien président d’Haïti. Les magistrats Mimose Alexandre-Janvier et Monferrier Dorval ont reçu un hommage à titre posthume.
Source: Haiti Press Network